Les hélicoptères font face aux risques croissants de collision avec des drones. Un système anti-collision innovant est en cours de développement.
Les collisions potentielles entre hélicoptères et drones non coopératifs constituent une menace majeure dans les espaces aériens bas. Pour y remédier, des initiatives telles que le développement d’un Drone Collision Advisory System (DCAS) sont en cours. Ces projets, portés par des collaborations entre agences publiques comme la DGA Essais en Vol et des entreprises privées, visent à intégrer des systèmes utilisant des technologies de pointe comme la surveillance radiofréquence, l’intelligence artificielle et les capteurs optiques. L’objectif est de garantir la sécurité aérienne tout en tenant compte des contraintes opérationnelles et des coûts.
Les risques de collision entre hélicoptères et drones
Les hélicoptères opèrent principalement dans les couches basses de l’espace aérien, là où la présence de drones est en forte augmentation. Ces drones dits non coopératifs, souvent dépourvus de systèmes de communication avec les autres aéronefs, créent un risque accru de collision. En France, les drones civils pesant plus de 800 grammes doivent émettre une signature électronique, mais cela ne couvre pas tous les cas.
Les hélicoptères présentent des caractéristiques spécifiques qui amplifient leur exposition à ces risques :
- Vol stationnaire : Nécessite une surveillance à 360° de l’environnement aérien.
- Vitesse réduite : Permet une détection avec des portées plus courtes, mais complexifie la gestion en cas d’urgence.
- Espace à bord : Suffisant pour accueillir les équipements nécessaires à la détection.
Selon une étude publiée en 2021, les drones non coopératifs constituent environ 20 % du trafic aérien dans certaines zones non contrôlées, rendant impérative l’intégration de solutions anti-collision.
Les initiatives de la DGA Essais en Vol
Le laboratoire d’innovation en essais en vol (IFTL), créé en 2019, soutient des projets visant à répondre aux défis de la sécurité aérienne. En trois ans, 106 projets ont été accompagnés, allant de la gestion des risques à la connectivité. L’un des projets phares est le développement d’un système DCAS pour hélicoptères, conçu en collaboration avec des entreprises comme DELAIR et CERBAIR.
Le système repose sur :
- Surveillance radiofréquence : Détection des signatures électromagnétiques des drones.
- Intelligence artificielle : Reconnaissance et caractérisation des objets détectés.
- Capteurs optiques : Suivi détaillé des cibles pour éviter les collisions.
L’objectif est de fournir une alerte au pilote en cas de risque de collision, lui permettant de réagir de manière autonome. Contrairement aux systèmes TCAS utilisés par les avions, le DCAS ne coordonne pas automatiquement les manœuvres avec les drones non coopératifs.
Technologies intégrées au DCAS
Le projet DCAS exploite des technologies issues de différents domaines :
- Capteurs radiofréquences : Fournis par CERBAIR, ces capteurs détectent les signatures des drones.
- Intelligence artificielle : Analyse des données pour identifier les menaces potentielles.
- Optiques avancées : Fournies par DELAIR, ces optiques permettent de suivre visuellement les objets détectés.
- Capteurs LIDAR et radar : Technologies issues des véhicules autonomes, adaptées pour les hélicoptères grâce à leur légèreté et compacité.
Les essais en vol ont débuté en octobre 2021, avec une évaluation prévue à l’été 2022. Ces tests visent à valider l’efficacité des systèmes dans des conditions opérationnelles réelles.
Conséquences pour la sécurité aérienne
L’intégration de systèmes comme le DCAS aura des impacts significatifs sur la sécurité aérienne :
- Réduction des collisions : Les alertes précoces permettent aux pilotes d’éviter les accidents.
- Amélioration de la gestion des espaces aériens : En particulier dans les zones non contrôlées (classe G).
- Réduction des coûts humains et matériels : Chaque collision évitée représente des économies importantes pour les opérateurs et les États.
Un rapport de l’EASA estime que la mise en œuvre de ces technologies pourrait réduire les incidents liés aux drones de 60 % d’ici 2030.
Les drones coopératifs et leurs limites
Les drones coopératifs, équipés de signatures électroniques, représentent une part croissante du trafic aérien. Cependant, ces signatures, basées sur le Wifi, ont été conçues principalement pour la protection des sites sensibles et non pour la sécurité aérienne. Les essais actuels, menés avec la Fédération française d’aéronautique (FFA), explorent des solutions pour intégrer ces signaux dans les systèmes anti-collision.
Les défis actuels incluent :
- Gestion des signaux multiples : Fusionner les données de diverses sources pour limiter la surcharge d’informations dans le cockpit.
- Compatibilité avec les infrastructures existantes : Adapter les systèmes sans perturber les opérations courantes.
Le développement d’un système comme le DCAS marque une avancée importante pour la sécurité des hélicoptères dans des espaces aériens de plus en plus saturés. En combinant des technologies modernes, des collaborations public-privé et une mise en œuvre pragmatique, ces solutions offrent un équilibre entre efficacité et coût. Les essais en cours détermineront leur potentiel à devenir des standards pour les aéronefs opérant dans des environnements complexes.