À partir de 2013, la marine syrienne a déployé des hélicoptères Mi-14 pour larguer des mines navales et des barils explosifs sur des zones urbaines tenues par les forces opposées.
À partir de 2013, dans le contexte de la guerre civile syrienne, la marine syrienne a détourné l’usage initial de ses hélicoptères Mil Mi-14 (Haze) pour les employer comme bombardiers improvisés. Conçus à l’origine pour la lutte anti-sous-marine, ces appareils ont été adaptés pour larguer des mines navales et des barils explosifs sur des zones étendues, notamment des villes contrôlées par les forces rebelles. Cette tactique visait à compenser le manque de moyens aériens conventionnels en utilisant les ressources disponibles de manière innovante. Cependant, l’utilisation de ces hélicoptères pour des missions de bombardement urbain a soulevé des questions quant à leur efficacité et aux conséquences humanitaires, étant donné que ces engins, non conçus pour des frappes de précision, ont provoqué des dommages collatéraux significatifs. Cette adaptation illustre la flexibilité opérationnelle en temps de conflit, mais souligne également les défis et les controverses liés à l’emploi de telles méthodes dans des zones densément peuplées.

Le contexte de la guerre civile syrienne
La guerre civile syrienne, débutée en 2011, a rapidement évolué en un conflit complexe impliquant diverses factions et forces internationales. Face à une opposition armée croissante et à des pertes territoriales, le gouvernement syrien a dû adapter ses stratégies militaires pour reprendre le contrôle des zones insurgées. Dans ce cadre, l’armée syrienne a été contrainte d’innover, notamment en modifiant l’utilisation de certains équipements militaires pour répondre aux besoins opérationnels immédiats.
Le Mil Mi-14 : un hélicoptère amphibie polyvalent
Le Mil Mi-14, connu sous le nom de code OTAN « Haze », est un hélicoptère amphibie développé par l’Union soviétique dans les années 1960. Dérivé du Mi-8, il a été conçu principalement pour des missions de lutte anti-sous-marine (ASW) et de recherche et sauvetage (SAR). Parmi ses caractéristiques techniques, on note :
- Motorisation : deux turbomoteurs Klimov TV3-117MT, chacun délivrant 1 454 kW (1 950 ch).
- Dimensions : rotor principal de 21,29 m de diamètre, longueur totale de 25,30 m et hauteur de 6,90 m.
- Performances : vitesse maximale de 230 km/h, plafond opérationnel de 4 000 m et autonomie de 800 km.
- Capacités amphibies : coque étanche permettant des opérations à partir de plans d’eau.
Initialement équipé pour transporter des torpilles et des charges de profondeur, le Mi-14 disposait d’une soute interne pour l’armement, facilitant son adaptation à d’autres types de missions.

Adaptation du Mi-14 en bombardier improvisé
À partir de 2013, confrontée à une pénurie d’avions de combat et à la nécessité de frapper des positions rebelles en milieu urbain, la marine syrienne a réaffecté ses Mi-14 pour des missions de bombardement. Cette reconversion a impliqué plusieurs modifications :
- Armement : remplacement des torpilles et charges de profondeur par des mines navales et des barils explosifs, souvent remplis d’explosifs artisanaux et de fragments métalliques pour maximiser les dégâts.
- Systèmes de largage : adaptation des mécanismes internes pour permettre le déploiement de ces charges depuis la soute, bien que le Mi-14 ne soit pas initialement conçu pour des missions de bombardement aérien.
- Tactiques opérationnelles : vols à moyenne altitude au-dessus des zones ciblées, avec des largages effectués sans systèmes de visée sophistiqués, ce qui réduisait la précision des frappes.
Conséquences opérationnelles et humanitaires
L’utilisation des Mi-14 comme bombardiers improvisés a eu des impacts notables :
- Efficacité militaire : bien que ces opérations aient permis de frapper des zones tenues par les rebelles, le manque de précision des largages a limité l’efficacité stratégique, souvent en raison de la dispersion des munitions et de l’absence de guidage précis.
- Dommages collatéraux : les frappes ont entraîné des destructions massives dans les zones urbaines, affectant infrastructures civiles et habitations, et causant de nombreuses pertes parmi la population non combattante.
- Perception internationale : ces actions ont été largement condamnées par la communauté internationale, qui a dénoncé l’utilisation d’armes non conventionnelles et les violations potentielles du droit humanitaire international.

Analyse technique de l’adaptation
La transformation du Mi-14 en plateforme de bombardement improvisée soulève plusieurs considérations techniques :
- Capacité de charge : avec une masse maximale au décollage de 14 000 kg, le Mi-14 pouvait transporter des charges explosives significatives, bien que cela puisse affecter son autonomie et sa maniabilité.
- Systèmes de visée : l’absence de systèmes de ciblage avancés a conduit à des largages approximatifs, augmentant le risque de dommages collatéraux.
- Vulnérabilité : volant à des altitudes relativement basses et à des vitesses modérées, les Mi-14 étaient exposés aux tirs anti-aériens, ce qui a conduit à la perte de plusieurs appareils au cours des opérations.
HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère.