La FAA suspend New York Helicopter Charter Inc. après le crash mortel d’un Bell 206 dans l’Hudson. Découvrez les raisons techniques, les enquêtes en cours et les implications.
Le 15 avril 2025, la Federal Aviation Administration (FAA) a émis un ordre d’urgence suspendant les opérations de New York Helicopter Charter, Inc., après le crash tragique d’un hélicoptère Bell 206L-4 LongRanger dans le fleuve Hudson le 10 avril 2025. L’accident, qui a coûté la vie aux six personnes à bord, a soulevé des inquiétudes graves sur la gestion de la sécurité par l’opérateur. La décision de la FAA repose notamment sur le licenciement du directeur des opérations, intervenu seize minutes après qu’il eut volontairement suspendu les vols. Cet article analyse en détail les causes de la suspension, les circonstances du crash, les enquêtes en cours et les implications pour la sécurité aérienne, en s’appuyant sur des données techniques et des faits précis pour éclairer les professionnels du secteur.
Les Circonstances du Crash et la Réaction Immédiate
Le 10 avril 2025, un Bell 206L-4 LongRanger IV, immatriculé N216MH, exploité par New York Helicopter Charter, Inc., s’est écrasé dans le fleuve Hudson près de Jersey City, New Jersey, à 15h17 EDT. L’hélicoptère, loué auprès de Meridian Helicopters, effectuait son huitième vol touristique de la journée, parti de l’héliport de Downtown Manhattan à 14h59. Le trajet incluait un survol de la Statue de la Liberté, du sud de Manhattan et du pont George Washington. À bord se trouvaient cinq touristes espagnols – Agustín Escobar (49 ans), président de Siemens Espagne, sa femme Mercè Camprubí Montal (39 ans), leurs trois enfants (4, 8 et 10 ans) – et le pilote, Sean Johnson (36 ans), ancien Navy SEAL certifié pilote commercial en août 2023 avec 788 heures de vol.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’hélicoptère perdant son rotor principal en vol, entraînant une chute inversée dans l’eau. Les conditions météorologiques indiquaient des vents de 14 à 19 km/h avec des rafales jusqu’à 34 km/h. Le Bell 206, construit en 2004, possédait un certificat de navigabilité valide jusqu’en 2029, avec une inspection majeure effectuée le 1er mars 2025. L’absence de boîtes noires complique l’enquête, mais la récupération du rotor principal, du rotor de queue et de la boîte de transmission par des plongeurs de la NYPD et de l’US Army Corps of Engineers offre des indices cruciaux. La FAA a immédiatement interdit les vols de drones près du site et lancé une enquête conjointe avec le National Transportation Safety Board (NTSB), Bell Textron et Rolls-Royce.

Les Raisons de la Suspension par la FAA
La FAA a suspendu New York Helicopter Charter, Inc. pour des raisons multiples, principalement le licenciement du directeur des opérations, Jason Costello, le 13 avril 2025. Après une demande de la FAA de cesser les opérations pour permettre les enquêtes, Costello a confirmé par e-mail la suspension volontaire des vols. Seize minutes plus tard, le PDG Michael Roth a informé la FAA que Costello avait été licencié, affirmant qu’il n’avait pas autorisé la suspension. La FAA a qualifié ce licenciement de « représailles apparentes » pour une décision de sécurité, soulignant un manque de culture de sécurité au sein de l’entreprise.
L’ordre d’urgence, émis par l’administrateur par intérim Chris Rocheleau, invoque le titre 49 U.S.C. § 44709(b)(1)(A), permettant la suspension d’un certificat d’opérateur si la sécurité aérienne est compromise. L’absence d’un directeur des opérations qualifié, exigée par la réglementation Part 135 pour les opérateurs multi-pilotes, a aggravé la situation. La FAA a ordonné la remise immédiate du certificat d’opérateur aérien, sous peine d’amendes de 17 062 $ par jour (environ 16 100 €).
L’historique de l’entreprise a également joué un rôle. New York Helicopter Charter, Inc., fondée dans les années 1990 par Roth, a connu deux incidents antérieurs : un atterrissage d’urgence en 2013 sur l’Hudson après une perte de puissance, et un atterrissage forcé en 2015 au New Jersey après une perte de contrôle due à un arbre d’entraînement défectueux, déjà impliqué dans un crash au Chili en 2010. Une inspection en 2015 avait révélé des traces de corrosion et des pièces non conformes. Ces antécédents, combinés à des difficultés financières (faillite et poursuites pour dettes de 1,4 million $ et 83 000 $), ont renforcé les doutes sur la conformité réglementaire.

Les Enquêtes et les Implications pour la Sécurité Aérienne
La FAA a lancé un Certificate Holder Evaluation Program (CHEP) pour évaluer la conformité de l’opérateur avec les réglementations, ses pratiques de gestion de la sécurité et sa capacité à identifier et atténuer les risques. Ce programme examine les dossiers opérationnels, les procédures, les systèmes de gestion de la sécurité et l’expérience des pilotes. Le NTSB, qui dirige l’enquête sur le crash, analyse les débris récupérés, notamment le rotor principal et la boîte de transmission, pour déterminer si une défaillance mécanique, comme une rupture du mât de rotor (problème connu sur les Bell 206 sous fortes contraintes), est en cause. L’absence de données de vol complique l’analyse, mais des tests métallurgiques et des simulations numériques seront effectués au laboratoire du NTSB à Washington.
L’incident soulève des questions sur la réglementation des vols touristiques sous Part 91, qui impose moins d’exigences en matière de maintenance et de formation que la Part 135. Le sénateur Chuck Schumer a critiqué ce cadre, notant que les accidents d’hélicoptères à New York ont tué 38 personnes depuis 1977, dont 9 en 2009 (collision aérienne) et 5 en 2018 (crash dans l’East River). Il a appelé à des inspections renforcées et à la révocation du certificat de l’opérateur. La FAA prévoit un panel sur la sécurité des hélicoptères le 22 avril 2025 pour discuter des zones à haute densité de trafic, comme l’Hudson, où l’absence de services de contrôle aérien (Special Flight Rules Area) augmente les risques.
L’impact sur l’industrie est significatif. Les vols touristiques, représentant des dizaines de milliers de départs annuels à New York (30 000 plafonnés à Manhattan depuis 2016), sont sous pression. Le maire de Jersey City, Steven Fulop, a demandé des restrictions sur ces vols en raison de l’encombrement de l’espace aérien. Les coûts d’exploitation, incluant la location d’un Bell 206 (environ 1 500 €/heure) et les assurances, pourraient augmenter si des réglementations plus strictes sont adoptées.
HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère