Calcul de la polaire de puissance d’un hélicoptère en mission

Calcul de la polaire de puissance d’un hélicoptère en mission

Analyse technique du calcul de la polaire de puissance d’un hélicoptère selon les profils de mission, avec données chiffrées et cas concrets.

La polaire de puissance d’un hélicoptère est un outil fondamental dans l’analyse des performances en vol. Elle permet d’établir le lien entre la puissance disponible, la puissance requise et les conditions de vol. Son calcul ne se limite pas à un exercice théorique. Il dépend directement du profil de mission, des conditions aérologiques, de l’altitude, de la masse embarquée et du type de rotor. Piloter un hélicoptère dans une mission de surveillance, de transport ou de sauvetage ne requiert pas les mêmes régimes de puissance. La polaire permet donc de calibrer avec précision la planification opérationnelle, l’analyse de charge utile et l’autonomie réelle. Cet article présente, de manière structurée et détaillée, les méthodes de calcul, les facteurs d’ajustement et les applications concrètes selon les différents types de missions héliportées.

Calcul de la polaire de puissance d’un hélicoptère en mission

La polaire de puissance : une base de calcul opérationnelle

La polaire de puissance d’un hélicoptère est le graphe qui relie la puissance requise au régime de vol, généralement exprimé en vitesse horizontale ou en taux de montée. Elle traduit les besoins en puissance moteur pour maintenir des régimes de vol stationnaire, croisière, montée ou descente. L’axe des abscisses indique la vitesse propre (en km/h), tandis que l’axe des ordonnées représente la puissance absorbée (en kW).

Ce graphique est structuré selon trois grandes composantes :

  • Puissance induite : liée à la portance. Elle est élevée à faible vitesse.
  • Puissance parasite : liée à la traînée aérodynamique du fuselage. Elle croît avec la vitesse.
  • Puissance de profil : liée au frottement des pales dans l’air, peu sensible à la vitesse.

Par exemple, un hélicoptère monomoteur léger comme un Airbus H125 affiche une polaire de puissance minimale à environ 120 km/h, correspondant au régime de croisière économique. À cette vitesse, la puissance requise est d’environ 380 kW, soit 515 ch. À 200 km/h, la puissance requise augmente à plus de 530 kW, traduisant la montée de la traînée.

Le calcul de la polaire s’appuie sur des essais en vol et des simulations CFD (Computational Fluid Dynamics). Les paramètres incluent :

  • Masse au décollage (kg) ;
  • Densité de l’air (kg/m³) en fonction de l’altitude ;
  • Surface de disque rotor (m²) ;
  • Vitesse de rotation du rotor principal (tr/min).

Ces courbes permettent de prévoir la marge de puissance disponible, élément déterminant pour planifier un vol en hélicoptère en terrain montagneux ou dans des conditions chaudes. Le rapport puissance disponible / puissance requise conditionne directement les capacités de montée et de manœuvre. Un déficit de 50 kW peut compromettre une mission en haute altitude.

L’adaptation de la polaire selon les profils de mission

Le profil de mission modifie profondément les caractéristiques de la polaire de puissance d’un hélicoptère. Chaque type de mission impose des configurations spécifiques de charge, de vitesse et d’altitude qui modifient la demande énergétique.

Mission de transport tactique ou logistique

Une mission de transport de charge sous élingue, par exemple avec un Sikorsky UH-60, implique une augmentation de la masse embarquée de 900 à 1200 kg, selon la charge externe. Cette surcharge augmente la puissance induite en stationnaire et en montée. La polaire s’en trouve décalée vers le haut. La puissance minimale requise passe alors de 1100 kW à plus de 1300 kW.

Les ingénieurs adaptent donc la courbe en intégrant un coefficient de correction basé sur :

  • La masse totale embarquée ;
  • Le centre de gravité modifié ;
  • Le couple supplémentaire dû à la traînée externe.

Mission de recherche et sauvetage (SAR)

Dans une mission SAR, l’hélicoptère est souvent utilisé en stationnaire à faible hauteur, dans des environnements côtiers ou montagneux. L’analyse de la polaire est ici centrée sur la zone 0-60 km/h. Or, dans cette tranche de vitesse, la puissance induite atteint jusqu’à 60 % de la puissance totale absorbée. Sur un Leonardo AW139, cela peut représenter 750 kW sur un total de 1250 kW nécessaires. Cette contrainte impose une vérification fine des capacités de sustentation à basse vitesse.

Mission d’observation et surveillance

Dans les missions longues à basse vitesse, le régime optimal se situe entre 90 et 110 km/h. L’optimisation de la polaire doit ici viser la réduction de la consommation spécifique (g/kWh). L’objectif n’est pas la vitesse maximale mais l’efficience énergétique, permettant d’étendre le temps de mission. À masse constante, certains hélicoptères comme l’Airbus H145 parviennent à maintenir une consommation stabilisée autour de 190 g/kWh, ce qui garantit près de 3h30 d’autonomie sans réservoir auxiliaire.

Mission armée ou d’appui au sol

Un hélicoptère armé, comme le Boeing AH-64 Apache, voit sa polaire également déformée par la charge asymétrique des pylônes externes, augmentant la traînée latérale. La puissance parasite augmente d’environ 15 à 20 %. Le calcul de la polaire inclut alors une majoration spécifique sur la zone des vitesses supérieures à 150 km/h.

Calcul de la polaire de puissance d’un hélicoptère en mission

L’intégration de la polaire dans les logiciels de mission

Aujourd’hui, la polaire de puissance d’un hélicoptère est directement intégrée dans les logiciels de planification de vol tels que HeliPlan, AMOS ou AFCS mission modules. Ces outils permettent de simuler en temps réel les effets :

  • des conditions aérologiques locales ;
  • de la masse évolutive ;
  • des profils topographiques.

Les courbes sont modélisées en 3D, en fonction des paramètres instantanés du vol. Cela permet au pilote ou à l’officier de mission de calculer :

  • la puissance de décollage requise ;
  • les marges de sécurité en vol stationnaire ;
  • les plages de consommation optimales.

Par exemple, lors d’une mission en Afghanistan à 2800 m d’altitude, la densité de l’air chute à 0,9 kg/m³, réduisant la portance et augmentant la puissance requise de 12 à 18 % selon l’hélicoptère. Sans intégration de la polaire ajustée dans le calculateur de mission, cette contrainte ne serait pas détectée à temps.

Certains modules de simulation comme Flightlab ou Helisim sont même capables d’anticiper l’impact d’une panne moteur sur la polaire, afin de valider les procédures d’auto-rotation ou de transition autorotative.

HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère.